Je reviens d’une longue période sombre, et me re-voilà avec cette nouvelle !
Ce matin, 2 avril 2015, 7h30, le réveil sonne. Trois heures de sommeil. C’est dur.
Et j’ai peur.
Après toutes les horreurs que j’entends sur les médecins envers les trans… J’ai peur.
Ce matin, je dois aller voir une gynécologue. Elle est chirurgien et fait partie des médecins sur la liste blanche (liste non-publique) des professionnels de santé s’occupant de personnes trans. Elle s’est engagée personnellement dans l’accompagnement des FtMs.
Je suis allé la voir pour me renseigner pour l’hystérectomie.
Je comptais subir en première intervention l’hystérectomie. Pour me débarrasser de… Ce… Truc ?
Bref.
À neuf heures, heure du rendez-vous, nous sommes appelés (oui, Damia m’a encore accompagné, quel amour ^^ )
Je lui explique ma situation, que je suis en transition, que je souhaiterais avoir tous les renseignements possible car c’est une opération qui me semble extrêmement importante.
Elle paraît sèche au début, elle me demande ma situation familiale, mes parents, les éventuelles maladies dans la famille qui peuvent être dangereux pour un acte chirurgical (problèmes de cœur, etc.)
Et m’a demandé, un peu par curiosité, mon ressenti par rapport à ma transidentité, mon corps. Si c’est pendant l’enfance ou l’adolescence que c’est apparu.
Je lui explique que je souhaiterais commencer par cette opération.
Elle est assez surprise, la plupart des FtMs commence par la mammectomie.
Je lui explique que j’ai peur par rapport aux risques de cancer et autres. Elle me rassure, puisque je n’ai aucun antécédent dans ma famille, que je ne fume pas, je ne présente aucun risque.
Et bien qu’elle connaisse le sujet des FtMs, elle me dit : « Je me base sur des statistiques, et je ne veux pas qu’après il y aie des regrets de ne pas avoir pu procréer »
[TW description hystérectomie, chirurgie]
Elle me raconte brièvement le déroulement de quand je prendrais rendez-vous pour l’intervention.
On me proposera de conserver mes gamètes, et me prévient qu’elles me seront disponibles tant que mon état civil ne sera pas changé. Elle montre même un signe de désapprobation quant à cette loi.
Je change d’identité, je deviens une autre personne aux yeux de la loi, je « renais » donc mes cellules reproductrices ne sont plus les miennes.
L’opération elle-même c’est trois petits points, dont un dans le nombril (ischhhhhh) pour faire passer la caméra endoscopique, et deux autres plus bas pour détacher l’utérus. Il sera retiré par voie vaginale. (Anesthésie générale)
Ensuite, je reste entre deux et trois jours à l’hôpital (« Vous êtes jeune, en bonne santé ! On se remet vite ! »), entre cinq et six semaines sans rapports sexuels, sans bains, et la revoir pour examen post-opératoire.
[Fin TW description chirurgical]
Elle me dit qu’elle pourra pas pratiquer d’intervention avant un an d’injection. Donc pas avant le 6 février 2016. Ça ne me paraît pas si loin.
De plus, elle préfère que je fasse la mammectomie en premier : « Les seins, je sais bien que vous n’en voulez plus, mais ça peut se remettre en cas de regrets. Alors qu’un utérus non. C’est irréversible. »
Elle comprend que je rejette totalement ma poitrine, mais me dit qu’elle se fie à ses statistiques et qu’aussi, elle préfère ne pas avoir devant un patient avec un regret immense de l’acte chirurgical.
Elle m’explique que la testostérone va faire diminuer ma poitrine, et que je pourrais avoir la péri-aréolaire. Je lui dit que ma taille est trop importante encore, mais elle me rassure et insiste : « ça va encore perdre du volume. »
Je suis assez surpris.
D’ici six mois d’injection, ma poitrine aura sa taille réduite au minimum, biologiquement possible ? Mouais.
Je lui demande pour un aspect physique extérieur qui me complexe énormément : mes hanches. Est-ce que ça va changer, sans sport, déjà ? Elle me dit oui. La graisse va en effet se répartir comme chez les sujets « mâles ».
Damia lui demande si ma densité osseuse va augmenter, elle nous répond que non, mais que les muscles peuvent le « faire croire ».
Je lui demande par rapport à l’hormonothérapie, quels sont les effets de la testostérone sur le cycle menstruel. La testostérone bloque l’ovulation. « Les ovaires sont en vacances là ». COOL
Au moment où j’étais en rendez-vous avec elle, j’avais quelques saignements, car j’étais dans la période qui s’apparenterait aux règles. Et elle m’a confirmé que ce serait la dernière fois que j’aurais mes règles.
Ensuite, elle m’a demandé quelle est mon orientation sexuelle, ou plutôt, quelle est ma sexualité actuelle (homo, hétéro), je lui présente ma concubine ici présente. Donc hétéro, quoi.
C’est une gynéco mais bon, pousse pas, meuf.
Niveau administratif, ce sera TOTALEMENT pris en charge par l’ALD. Zéro pépette à sortir.
Puis elle est plutôt safe, alors de là à la conseiller, je ne sais pas. Mais en tout cas, si personne d’autres, pourquoi pas.
4 réflexions sur “ Ma Chance Avec Les Médecins. Jamais Deux Sans Trois. ”
C’est fou comme on peut avoir intégré les habitudes des toubibs : certes, tu as toutes tes chances, apparement avec celle-là, mais entre nous : qu’est-ce que ça peut lui foutre, ton orientation sexuelle ?? Comment peut-on ENCORE poser ce genre de question ?
(Oui à Lyon, en 2014, les deux psy me l’ont posée aussi …)
En outre le nouveau truc, si on sait rien sur la transidentité c’est donc « Je me fie aux statistiques » ? C’est ÇA la réponse à une demande individuelle ?
Ecoute, tout ce que je te souhaite est que ça se passe bien, puisqu’au final ça a l’air de sentir bon , malgré tout, et c’est le but qui compte, OK …
🙂
N’empêche que la toute-puissance médicale, c’est quand-même un truc assez foutrement pervers, merdalors …
en plus tu la recommandes c’est une blague ?
Bah après si il s’est senti à l’aise et en confiance avec cette gynéco, c’est ça le principal. Par ailleurs je l’ai trouvé plutôt bien, et la question de son orientation sexuelle ne m’a pas plus dérangée que ça je dois avouer, et elle n’a pas cherché à en savoir plus sur nos pratiques, et n’a pas tellement insisté à ce sujet.
Je trouve qu’elle nous a donné plein d’informations de bonne qualité et pertinentes. C’est une gynéco, donc fatalement elle s’intéresse à tout ce qui se passe autour du génital.
Bien-sûr, Damia, personne ne vous juge, ici, enfin je ne crois pas.
Pour être franche, les psys que j’ai vus à Lyon étaient « sympas » eux aussi, mais au final, j’ai quand-même eu l’impression que mon discours « nécessitait » un peu de formatage, que j’avais objectivement fait profil bas, et en somme, j’ai bien fait l’âne pour avoir du son, comme on dit.
Mais voilà, faut pas qu’on perde notre esprit critique : on est bien en situation de soumission, et « l’émancipation des trans’, c’est d’abord la libération de soi-même » (S. de Beauvoir, un peu modifiée ….)
Moi aussi j’ai fermé ma gueule, ce n’est pas une critique, et je l’ai re-fermée pour mon CEC que j’ai obtenu sans problème … parce que j’ai obéi.
Et même si ce n’est « rien » par rapport à bien d’autres humiliations, je crois malgré tout qu’on ne doit rien laisser passer : si on « putasse » un peu chez les toubibs et que ça marche, ben ça reste une anomalie, voilà …
Grobisoux à vous deux
(Salut, Stef 😉 )